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Ces mots me percèrent comme une épée, et il me sembla qu’ils mettaient à nu ma secrète déloyauté.

— Alan Breck ! m’écriai-je.

Puis je repris :

— Croyez-vous que je suis venu jusqu’ici pour vous tourner le dos quand vous êtes le plus exposé ? Vous n’oseriez pas me soutenir cela en face.

Toute ma conduite jusqu’à présent vous donnerait un démenti.

Il est vrai que je me suis abandonné au sommeil, dans la bruyère, mais je n’en pouvais plus, et vous avez tort de rejeter cela sur moi……

— C’est ce que je n’ai jamais fait, dit Alan.

— Mais à part cela, repris-je, qu’ai-je fait pour que vous me traitiez comme un chien par une telle supposition ? Je n’ai jamais manqué aux devoirs de l’amitié, et je ne commencerai pas par vous.

Il y a entre nous des choses que je ne pourrai jamais oublier, même si vous le pouviez.

— Je vous dirai seulement ceci, David, répondit Alan. C’est que depuis longtemps je vous dois la vie, et que maintenant je vous dois de l’argent.

Vous devriez faire quelque chose pour m’alléger ce fardeau.

Cela devait me toucher, et j’en fus touché, en effet, mais tout autrement qu’il ne le fallait.

Je sentais que je me conduisais mal ; non seulement j’en voulais à Alan, mais encore je m’en voulais à moi-même par-dessus le marché, et cela me rendit encore plus cruel.

— Vous m’avez invité à parler, lui dis-je. Eh bien soit, j’y consens. Vous avouez vous-même que vous m’avez mis dans une fâcheuse passe. Il m’a fallu