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aux jours du Covenant[1]. Stevenson appartenait donc à une race de Covenantaires. Il eut l’enfance d’un fils de Puritain : le père, absorbé par ses travaux, sans cesse en voyage, ne revenant que pour caresser son petit saumon[2] ; la mère, tendre et attentionnée, une maman charmante, jeune, maladive, de cette vivacité intellectuelle des invalides dont toute l’existence est en pensée ; le grand-père maternel, Gatty dans le babil du petit Robert, enseveli dans ses in-folio, tel était le milieu dans lequel se développa l’unique héritier des Stevensons, marchant à onze mois, appelant par son nom chaque être de la maison à treize. Ajoutez à cela la nourrice Alison Cunningham, à qui il dédia plus tard son Child’s garden, une zélée presbytérienne exécrant également les cartes, les romans et le théâtre et se nourrissant de la lecture des œuvres des plus purs écrivains covenantaires[3]. Plus tard, il disait d’elle qu’elle lui avait lu les poèmes des autres, comme un poète oserait à peine lire les siens, caressant des yeux le rythme, appuyant avec délice sur les assonances et les allitérations. Elle lui apprit à déclamer. Mieux, elle entraîna son esprit dans un monde de rêves et de visions. À six ans, il faillit s’empoi-

  1. Balfour, I, p. 105. Les Balfour étaient alliés aux Whyte et, par sa mère, Stevenson cousinait avec le major George Whyte Melville, le romancier du high life.
  2. Balfour, I, p. 30, note.
  3. Alison Cunningham est le prototype d’Alison Hardie, la fille de Limekilns qui fait passer le Forth à David Balfour et à Alan Breck.