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mers du Sud et certaines gens de mon pays me trotta beaucoup par la tête, aux Îles, et non seulement m’incita à voir favorablement mes nouvelles connaissances, mais ne cessa d’influencer mon jugement. Un Anglais policé d’aujourd’hui qui voyage aux Marquises s’étonne de voir des hommes tatoués ; il y a peu de temps, les Italiens policés qui voyageaient en Angleterre trouvaient nos pères bariolés au pastel[1] ; en revanche, lorsque, petit garçon, je leur rendis la visite, je m’amusai beaucoup de trouver l’Italie si retardataire : tant est précaire et subordonnée au jour et à l’heure la prééminence d’une race. Ce fut ainsi que je découvris un moyen de communication que je recommande aux voyageurs. Pour amener un indigène à me dire un trait de mœurs sauvages ou une croyance superstitieuse, je recherchais dans l’histoire de nos pères quelque trait d’une égale barbarie, que je contais d’abord. Tous ces sujets de notre folklore : Michael Scott, la Tête-de-Lord-Derwentwater, la Seconde-Vue, l’Esprit-des-Eaux, autant d’appâts infaillibles. La Tête-du-Taureau-Noir-de-Stirling[2] me procura la légende de Rahero ; et ce que je savais des Cluny Macpherson et des Appin Stewart[3] me

  1. Les Highlanders, avant l’annexion. (N.d.T.)
  2. Anecdotes et légendes qu’il serait superflu de détailler ici : leur orientation générale est assez nette. (N.d.T.)
  3. Les deux principaux clans highlanders qui organisèrent et soutinrent la révolte de 1745. Alan Breck Stewart est un des principaux personnages du roman de Stevenson, Aventures de David Balfour. (N.d.T.)