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« Il y a un gentilhomme dans cette chambre ! m’écriai-je, c’est à lui que j’en appelle ! Je remets ma vie et mon honneur entre ses mains ! »

Prestongrange aussitôt ferma son livre avec bruit.

« Je vous avais prévenu, Simon, dit-il, vous avez joué votre partie et vous l’avez perdue. Monsieur David, continua-t-il, je vous prie de croire que ce n’est pas à mon instigation que vous avez été soumis à cette épreuve. Je désire que vous sachiez que je suis heureux de vous en voir sortir avec tant d’honneur. Vous ne pouvez vous en douter, mais vous venez de me rendre un grand service. Si notre ami avait eu plus de succès que je n’en ai eu auprès de vous hier soir, on aurait pu dire qu’il connaissait mieux les hommes que moi et qu’il devrait occuper ma situation et moi la sienne ;… or, je sais que notre ami Simon est ambitieux, dit-il, en frappant légèrement sur l’épaule de Fraser. Quant à cette comédie, elle est finie, ma sympathie vous est acquise et, quelle que soit l’issue de cette malheureuse affaire, je me charge de veiller à ce qu’elle soit conduite en ce qui vous concerne avec tous les égards possibles. »

C’étaient là de bonnes paroles et je voyais d’ailleurs qu’il n’existait pas de lien entre ces deux hommes qui tous les deux étaient contre moi. Il était indéniable cependant que cette entrevue avait été conçue et peut-être préparée de concert. Mes adversaires avaient essayé d’agir sur moi par toutes sortes de moyens ; maintenant que la persuasion, la flatterie et les menaces avaient été employées en vain, je me demandais quel serait le prochain expédient ? Mes yeux du reste étaient encore troubles et mes genoux tremblaient sous moi après ce qui venait de se passer. Je ne pus que répéter la même phrase : « Je mets ma vie et mon honneur entre vos mains.

— C’est bon, c’est bon, dit Prestongrange, nous essaie-