Page:Stevenson - Catriona.djvu/318

Cette page a été validée par deux contributeurs.

votre père et son honneur que nous soupçonnons tous les deux ; le danger est certain, il est vrai, nous sommes peut-être espionnés, l’officier qui est descendu à terre ne doit pas être seul. Oui, il importe que cette lettre soit ouverte, mais elle ne saurait l’être par nous. »

J’en étais là, quand j’aperçus Alan qui venait vers nous ; il était très beau dans son uniforme français, mais je ne pus m’empêcher de penser combien cela lui servirait peu s’il était pris, jeté dans un cachot, amené à bord du Seahorse comme rebelle, déserteur et, à l’heure actuelle, comme meurtrier condamné.

« Ah ! dis-je, voici celui qui a le droit d’ouvrir la lettre s’il le juge à propos. »

Je lui fis signe et nous l’attendîmes.

« Si c’est l’infamie pour mon père, pourrez-vous la subir ? me demanda-t-elle avec un regard brûlant.

— Votre cousine m’avait fait la même question alors que je vous avais vue seulement une fois ; savez-vous ce que j’ai répondu ? Que si je venais à vous aimer comme je sentais que je pouvais vous aimer, je vous épouserais au pied de la potence, s’il le fallait ! »

Le sang revint à ses joues, elle se rapprocha et me reprit la main : ce fut ainsi que nous attendîmes Alan.

Il vint à nous avec un de ses meilleurs sourires.

« N’avais-je pas raison, David ? fit-il.

— Il y a temps pour tout, Alan, et l’heure présente est grave. Qu’avez-vous découvert ? vous pouvez parler devant cette amie ?

— J’ai suivi une fausse piste, dit-il.

— Alors nous avons été plus heureux que vous, en tout cas voici du nouveau. Voyez-vous cela ? C’est le Seahorse, capitaine Palliser.

— Je le reconnais, je l’ai assez vu pour cela quand il était en station dans le Forth. Qu’est-ce qui lui prend de venir si près de la côte ?