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C’était effectivement par la connivence d’un officier que M. Stewart avait pu voir les témoins sur le bord de la route près de Tynedrum.

« Il ne faut s’étonner de rien dans cette affaire, dis-je.

— Je n’ai pas fini pourtant ! Voyez ceci (et il me tendit un imprimé tout fraîchement sorti de la presse). C’est l’acte d’accusation ; voici la signature de Prestongrange au bas de la liste des témoins et je n’y découvre pas le nom de Balfour. Mais ce n’est pas la question. Qui, pensez-vous, a dû payer l’impression de ce papier ?

— Je suppose que c’est le roi ?

— Eh bien, c’est moi ; il a bien été imprimé par et pour les Grant, les Erskine et cette canaille de Simon Fraser, mais devais-je, moi, en avoir une copie ? Pas le moins du monde. Il fallait d’après eux que j’arrivasse devant la Cour sans avoir connu les charges.

— N’est-ce pas contraire à la loi ?

— Non, mais c’est une faveur si naturelle et si constamment accordée que, jusqu’à cette affaire sans nom, personne n’aurait songé à la contester. Maintenant, admirez la main de la Providence ! Un étranger entre par hasard dans l’imprimerie de Fleming, aperçoit une épreuve sur le parquet, la ramasse et me l’apporte. C’était justement l’acte d’accusation. Je l’ai fait imprimer aux frais de la défense : sumptibus mœsti rei. Vit-on jamais chose pareille ! Voilà le secret dévoilé maintenant ! Mais pensez-vous que j’aie le cœur de me réjouir, quand il y va de la vie de mon parent ?

— Je crois, en effet, que vous n’en avez guère envie, répliquai-je.

— Et maintenant que vous savez tout, vous comprenez pourquoi je vous ris au nez quand vous me dites que votre témoignage sera accepté ? »

C’était mon tour. Je lui racontai en abrégé les offres de Simon et sa manière d’agir avec moi, l’incident du