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2o Cette municipalité à vie imite la police de Rome ancienne. De petits édifices, je ne sais si leur nombre s’élève à cent quarante-quatre comme dans la Rome antique, et des tonneaux numérotés procurent une grande propreté. Toute contravention est punie, m’a dit mon cocher, par l’enlèvement du chapeau qu’il faut racheter pour quelques sous des mains de l’homme de police.

Les fiacres sont fort propres, bien mieux tenus qu’à Paris. Les chevaux sont maigres, mais leurs harnais sont huilés. Les cochers sont fort polis. Ils peuvent servir d’exemple aux physionomies bordelaises ; les cochers ont l’air fin, léger, dispos, jamais lourd et grossier, enfoncé dans la matière. Les hommes sont sensiblement plus petits à Bordeaux qu’à Paris. Je n’ai pas encore rencontré de jeunes gens caricatures pour la mode, comme j’en vis à Nantes par exemple au mois de juillet 1837. Il y a fort peu de rubans rouges, bien moins ce me semble que dans les villes du Nord. Peut-être les croix jetées pour avilir l’ordre en 1815 se sont éteintes et n’ont pas été remplacées.

Je ne vois qu’une chose à comparer à l’admirable course de la tour de Saint-Michel à Bacalan, c’est la promenade de la riva de’Schiavoni à Venise. Ici point de façade avec le cachet du génie de Palladio