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d’adresse. Dans les jeunes filles qui vendent des fleurs, jamais cette effronterie de métier qui fait mal au cœur à Paris. On sent que cette jeune fille sur le boulevard serait sifflée par ses compagnes si son regard, son ton et ses gestes ne bravaient pas bien la pudeur.

Je soupçonne qu’il y a de l’amour à Bordeaux et l’amour enseigne sur-le-champ tout le prix de la pudeur. Depuis quatre jours (du 11 mars)[1] que je suis ici, je n’ai encore rien vu d’effronté. Point de ces hideuses femmes qui crient le poisson dans les rues de Paris.

Ici les filles du peuple ont la tête coiffée d’un mouchoir. Les formes annoncent évidemment des métis provenant de la race ibère mêlée à la race gaël. Quelques figures allongées, mais surtout ce me semble dans les classes aisées, montrent le mélange de la race ibère avec la race kimri. Peut-être que ces mots baroques font rire le lecteur ; la chose existe, j’en suis certain. La hardiesse des nez en général point trop grands, la beauté lisse des fronts, les sourcils admirablement dessinés font reconnaître à vingt pas de distance la race ibère.

Jamais de ces figures chargées de chair,

  1. Tout ce morceau placé par Stendhal à la date du 23 mars a été écrit en réalité le 15 mars. N. D. L. E.