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quelque passion. Par un hasard, bien étrange assurément en 1838, il y a de l’amour à Bordeaux. La présence de cette plante si rare est prouvée par des enlèvements aussi déraisonnables que possible et qui, tout en ruinant l’amant, ne lui assurent aucune jouissance de vanité, car sa vie va se perdre dans le gouffre de Paris.

Aujourd’hui, troisième jour de pluie ; à quatre heures, je suis allé voir Saint-Seurin[1].

Sur le plateau auquel on monte par la magnifique rue du Chapeau-Rouge, au delà d’une place plantée d’arbres, s’élève l’église de Saint-Seurin, à laquelle on arrive par la porte du Midi à l’extrémité du transept de droite. Cette porte offre un atrio ou vestibule hexagone rendant commodes, quand il pleut, l’entrée et la sortie des fidèles. Cinq côtés de ce vestibule sont on ne peut pas plus simples ; le sixième, formé par le côté de l’église, est au contraire fort orné et présente treize statues à peu près de grandeur naturelle. Elles sont apparemment du moyen âge et sans aucun mérite. Une ou deux ont même de ces têtes énormes et disproportionnées qui rappellent à l’habitant de Paris les statues de la porte du Nord de Saint-Denis. Les draperies de

  1. À mes yeux église romane réparée il y a 20 ans. Cela se trouverait-il vrai ?