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d’une rue fort large. Il y a même quelques mûriers chétifs dans le grand espace qui le sépare des murs. Supposez là les allées de Meilhan. Ce faubourg est très joli et il ne faut qu’un préfet qui ait, en 1838, autant d’esprit que M. de Meilhan en 1789.

Pour noblifier un peu cette place aux Clercs, j’y voudrais une statue de Napoléon en sous-lieutenant. Les idées qui, en 1789[1], régnaient chez Mme du Colombier et dans la bonne compagnie de Valence s’étant logées dans la tête d’un grand homme qui s’occupait d’autre chose, l’ont empêché de donner de la monarchie une bonne seconde édition qui trouve des amateurs. Je crois qu’il ne fallait point d’autre noblesse que la Légion d’honneur, mais alors, place à part au spectacle pour ces nobles-là. Je suis enchanté que Waterloo ait fait justice de toutes ces petitesses qui nous habitaient. Voyez la littérature de l’Empire. Maintenant l’Europe nous charge de la fonction de penser pour elle ; de là les contrefaçons de la Belgique qui empêchent de dormir certains personnages[2].

Par bonheur pour le voyageur, les cercles ne dominent pas à Valence comme à Tarascon, comme dans Avignon ; par conséquent deux cabinets littéraires. J’ai

  1. À voir.
  2. The Kings.