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plus plat ; voûte gothique avec nervures ; forme de jeu de Paume. La place n’est pas mal à cause des grands arbres.

Nous prenons un paysan à l’air malade ; il est très fin ; il ressemble à Jules. Plus loin, un soldat médecin arrive. Il nous raconte sa chasteté envers une grecque de 19 ans, femme d’un officier employé à Alger[1]

Ces paysages de Provence, que je vois non poudrés pour la première fois de ma vie, me plaisent beaucoup.

Le sol se compose de trois pieds de terre sur un rocher rougeâtre qui paraît à chaque instant. Nous voyageons avec les montagnes à gauche ; à tout moment dans le chemin, revers de pavé pour laisser couler les petits ruisseaux venant de ces montagnes. Ces revers de pavés donnent de rudes secousses à la diligence.

Ma vue est réjouie par une petite montagne parfaitement verte et couverte d’herbe jusqu’au sommet, spectacle rare en Provence.

Je suis étonné de la beauté des oliviers du Puget ; je dis beauté, quoiqu’il n’y ait pas au monde d’arbres plus laids. Ils ont toujours l’air cacochyme et amputé, mais enfin, au Puget, ils sont gros. Mes compa-

  1. Quelques mots illisibles. N. D. L. E.