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fleurs est mauvais, ce me semble. C’est d’avance la manie des guirlandes qui distingue la pauvre et lâche architecture de Louis XV.

Au reste, le naturel charmant du Puget n’était pas ce qu’il fallait ici. Il fallait le fort de Michel-Ange, quelque chose comme cet esclave admirable que l’on voit au rez-de-chaussée du Louvre, sous l’horloge. Mais ce naturel est comme la délicieuse cantilène de Rossini sur les paroles les plus atroces du juge de la Gazza ladra. À propos d’un couvert volé qui va faire pendre la jeune fille, le juge à qui elle a résisté et qui se venge par la fureur, s’écrie : Vuol dir lo stesso.

Pardon pour cette longue comparaison ; je voulais dire que le beau donné par des hommes tels que Rossini ou le Puget vaut cent fois mieux que le convenable de ces artistes qui mériteraient plutôt le nom d’artisans et dont le vrai talent est celui de plaire au chef de division qui commande les travaux.

Je l’avouerai, je suis un voyageur imparfait et le lecteur n’a pas besoin de mon aveu pour s’en apercevoir. Je n’ai pu prendre sur moi, par ce temps sombre, par la pluie si contrariante, par le vent désagréable, d’aller voir le grand établissement de la marine, le Caducée, etc…