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seulement deux chemises. Je n’étais parti de Marseille que pour La Ciotat. Rêvant toujours à juger et à décrire le pays, je tombe dans les oublis les plus funestes pour moi.

Je vais voir le champ de bataille et le port.

J’admire les grands arbres du champ de bataille, presque tous platanes. Je suis furieusement choqué d’un volet vert au jardin du Préfet maritime. Quelle laideur ! Il faudrait une grille.

La pluie fine et le vent violent d’ouest me persécutent sur le port. J’entre dans un beau café. Café mauvais. Le garçon l’avoue à quatre jeunes gens ; et pourtant, café fort élégant ; lambris et moulures.

J’hésite à aller à La Seyne par le petit bateau à vapeur ; je me dis : le temps ne peut pas être pire ce soir.

Toulon, ville concentrée à l’utile, avec ses rues droites et étroites, paraît bien laide sans les platanes. Il est vrai qu’on les mutile étrangement ; mais sans cela, il n’y aurait pas d’ombre.

Très joli boulevard nommé rue Lafayette ; trottoirs de douze pieds de large, fort bien pavés de briques de champ. La chaussée du milieu, destinée aux voitures, est fort bombée et pavée de magnifiques pierres carrées, plus grandes