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qui est le héros de la peste et que célèbre l’abbé Delille.

Deux cents soldats, trois cents forçats, que Roze conduisait, reculent d’horreur. « Qu’est ceci, mes enfants », s’écrie-t-il ? Il descend de cheval et prend un corps dans ses bras. Tous les forçats, à l’exception de deux, étaient morts trois jours après. Roze en fut quitte pour une légère maladie.


[Toulon, le 17 mai 1838][1].

Arrivé à Toulon le 17, à cinq heures, par une pluie battante. Levé à trois heures, j’étais fatigué ; je me place, de désespoir, sur le canapé d’une chambre petite, mais fort propre, à l’anglaise, et je m’endors jusqu’à huit heures. Il n’y avait rien à l’hôtel à cette heure indue. Je vais, en tâchant d’éviter la pluie et un ruisseau d’eau claire de trois pieds de large, à un café borgne où je trouve une politesse

  1. Écrit à Toulon à la Croix d’or.
    Je n’ai pas le temps de passer à l’encre toutes mes notes au crayon de mon joli voyage de Grasse.
    Voici l’itinéraire du moins :
    Le 16 mai, à deux heures, je pars pour la Ciotat. Singulière route après Aubagne. J’arrive à la nuit à La Ciotat ; pas de café potable.
    Le 17 mai. À trois heures et quart sur la plage à humer