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Charmantes bastides ; elles ont des arbres maintenant. Chacune n’est qu’à deux cents pas de la voisine ; on peut toujours appeler le voisin. Mais le chemin a l’air d’une ronde de prison ; on voyage entre deux murs de 8 à 9 pieds de haut. Je jouis de la vue parce que j’ai pris l’omnibus. En cabriolet, je n’aurais vu que les murs.

Église des Chartreux, belle par son élévation. Architecture comme Saint-Roch.

— 15 mai 1838 (pluie).

La Bourse a l’avantage sur la plupart des palais de France d’avoir une corniche. Cette façade n’est réellement point mal (à Rome ou à Venise, tout le monde s’en moquerait). Je viens de monter au premier étage de la Bourse pour les tableaux de Serre qui représentent la peste de 1720[1]. Contre mon attente, je les ai trouvés fort bons. J’ai été indigné du mal qu’en dit M. Millin[2], mais cet homme était antiquaire juré et membre de 44 académies, comme on peut le voir au titre de ses

  1. Tableaux placés dans une belle salle, mais que l’on couvre d’une toile verte par une plate spéculation du concierge que M. le Maire a tort de tolérer.
  2. Beyle avait d’abord écrit : « du mal qu’en dit ce polisson de Millin ». Il a biffé, mais en ajoutant entre parenthèse : « c’était le mot cependant, polisson ». N. D. L. E.