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hommes et où il y avait des femmes fort décentes, mais dont aucune n’est mariée. En sortant par un magnifique clair de lune M. N. m’offrit un lit à la campagne ; j’acceptai et toute la nuit, c’est-à-dire dès trois heures du matin, le chant des oiseaux m’empêchait de dormir.

— 14 mai 1838.

J’ai trouvé ici un théâtre italien ; je subis le Furioso[1] dont pour moi pas une seule mesure n’est passable. Je vois Norma[2], dont le seul duo de la fin me plaît. Duo déclamé à la Gluck, dont la pauvre petite cantilène commune, est, sans doute, volée. Dans le Pirate[3] je trouve un accompagnement qui peint le désespoir et un morceau de chant qui a le même mérite, mais remisso gradu.

Bellini au milieu du manque de génie avait une petite pointe légère d’innovation sur Rossini. Rossini est trop fardé, trop agréable, même dans les plus tragiques situations ; Bellini est toujours brut et paysan. D’ailleurs, il était fort bel homme et savait dominer les femmes.

  1. Opéra de Donizetti. N. D. L. E.
  2. Opéra de Bellini. N. D. L. E.
  3. Opéra de Bellini. N. D. L. E.