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Leur figure, du reste, exprime bien leur peine.

Ces cariatides sous les balcons étaient de mode à Marseille, il y a un siècle ; voisinage de l’Italie et surtout de Gênes. Si au lieu de paraître en 1656, à 34 ans, devant un public qui avait encore l’énergie de la Fronde, le pauvre Puget n’eût débuté qu’en 1680, après Racine, il eût été encore plus méprisé qu’il ne fut. Les échevins de Toulon avaient fait prix à 1.500 fr., avec le Puget, pour le marbre. Il représenta modestement que le bloc de marbre lui coûtait…[1]

Marseille, cette ville grecque si ancienne, si importante, si riche sous les empereurs ne possède pas un marbre de quelque valeur. À peine si un autre musée voudrait de ceux qu’elle a réunis à son musée. Tant il faut peu se fier aux raisonnements généraux. Si Marseille avait été détruite par un tremblement de terre, que de phrases n’auraient pas faites les auteurs emphatiques sur les monuments admirables que ce tremblement de terre aurait ravis à la postérité ! Arles et Fréjus ont cent fois plus de restes de l’antiquité que Marseille. Marseille s’est agrandi, a changé de place et a peut-être construit ses nouvelles mai-

  1. La phrase est demeurée inachevée. N. D. L. E.