Page:Stendhal - Voyage dans le midi de la France, 1930.djvu/274

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’un ami des arts. Il est plein de naturel comme ses ouvrages. Tête carrée, bouche serrée d’un homme qui s’efforce habituellement, yeux inégaux, le droit beaucoup plus beau que le gauche ; en général beaucoup de vérités rendues avec scrupule, c’est-à-dire durement, comme les portraitistes nigauds copient une verrue.

Derrière le buste de Puget est une petite Assomption de lui de trois pieds de haut : la madone, des nuages et deux anges. Simplicité admirable, naturel parfait de tête et du geste de la Vierge. Je n’y vois qu’un défaut : cette figure a dix têtes.

Toulon a eu le bon esprit de faire mouler en plâtre les deux fameux termes qui soutiennent le balcon de son hôtel de ville ; elle en a envoyé une épreuve à Marseille qui les a fort bien placés aux deux côtés de la porte intérieure du Musée.

Ce fut en 1656 que Puget les exécuta en pierre de Calissanne. Cet ouvrage commença la réputation de ce grand homme. Leurs défauts d’aujourd’hui sont probablement ce qui leur fit pardonner leur originalité en 1656, je veux parler de cette exubérance de guirlandes de fleurs, de coquilles baroques et d’autres ornements, desquels sortent ces pauvres diables condamnés à porter le balcon. C’est bien le cas assurément de se ceindre de fleurs !