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fait de ces choses-là mériterait, suivant moi, d’être mis en accusation. Et ces messieurs osent parler d’art, et il faut les écouter avec une mine sérieuse !

Il y a bien ici autre chose que le ministre vraiment ! Marseille a eu pour maire M. le Marquis de Montpaon qui s’est avisé de faire des acquisitions pour le Musée, au lieu de dépenser deux mille francs pour y faire ouvrir une large fenêtre au point de jonction des deux branches du T majuscule. On a pris la nef et les croisillons d’une église ; la nef a encore quatre colonnes de chaque côté ; il fallait laisser au musée le jour du dôme, ou du moins pratiquer une immense fenêtre ; je vois deux ou trois moyens trop longs à expliquer ici. M. le Marquis de Montpaon a donc acheté le Premier sacrifice de Noé, à sa sortie de l’arche, la Vue de la Cava près Naples, Manius Curius recevant les députés de Pyrrhus. D’après ces choix, il me semble que ce digne maire aurait dû être nommé Ministre de l’intérieur.

La sainte colère où m’avait mis ces tableaux officiels, a été dissipée par une charmante copie de la Flore de Poussin, dont l’original, rongé et abîmé par le temps, est au Capitole à Rome. La grâce de la nymphe qui cueille une fleur, au premier plan, a été sentie et rendue par le copiste. Ce