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prise à l’école de Pérouse. Fra Bartolomeo, qui lui donna le clair-obscur, ne put lui donner le style large.

On ne peut pas louer la même clarté dans un magnifique paysage d’Annibal Carrache ; c’est une imitation rapidement faite des paysages sublimes qu’il avait vus à Venise et dont le plus bel échantillon fait la gloire de la galerie de M. Camuccini à Rome (à côté du Palais Borghèse). Il faudrait laver avec de l’eau tiède ce beau tableau d’Annibal Carrache dont la vue serait si utile aux paysagistes sans noblesse et léchés de la province.

J’ai vu un joli ange gardien de Feti, dont les graveurs pressés qui fabriquent des livres d’heures, n’ont sans doute pas connaissance. Vis-à-vis est une madone vulgaire de Maratte, ce peintre si vulgaire.

Ce qui est incroyable dans les musées de province, ce sont les tableaux envoyés par le gouvernement. À Toulouse, j’ai été frappé de l’Apelle et Campaspe de M. Langlois, parce que le journal du jour annonçait que l’auteur venait d’être nommé membre de l’Institut. Ici on trouve Gustave Vasa haranguant les Dalécarliens de M. Dufau, Cymodocée de M. Duvivier, la Nature et l’Honneur de M. Mallet et surtout la Bénédiction des troupeaux de M. Mongin, etc., etc., etc… Un ministre qui