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Il n’a pas dit, il est vrai :

— J’engage Monsieur à attendre un peu s’il veut, etc…

Le maître de ce café où je suis allé ce matin prendre un thé complet et où il y avait un monde énorme, de façon que, sur 50 tables peut-être, une seule était vacante, le maître, me voyant sans journal et sans cigare est venu me demander si l’on me faisait attendre. Je lui ai répondu par un compliment auquel il n’a pas fait grande attention. Cet homme est admirable pour faire marcher ses garçons. Quelle différence avec le garçon de l’hôtel du Nord, avant-hier, à Arles !

Voilà selon moi un des grands plaisirs du voyage. Arles est un trou, où le voyageur ne va que pour ses admirables antiquités. J’étais seul dans la salle à manger, quand je parlais au garçon arlésien ; il y avait 150 personnes dans le café de Marseille ; tous parlaient haut, la plupart demandant quelque chose et, de plus, une abominable chanteuse, laide et chantant faux à toutes ses notes au-dessus du mi d’en haut, au milieu de ce tintamarre épouvantable, le garçon poli me sert rapidement, et le maître voyant que j’attends vient me demander ce que j’ai commandé.

Le lecteur se moquera peut-être de ma façon de calculer le degré de civilisation