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No 251. La mort de sainte Cécile, charmant bas-relief par le Poussin, est peut-être le meilleur tableau de ce musée. Vous avez vu à Rome la salle de bain qu’on chauffa à l’excès pour faire périr cette jolie sainte ; on espérait qu’elle serait suffoquée par la vapeur de l’eau bouillante. Elle résista miraculeusement à cette première épreuve ; alors, on décida de lui trancher la tête ; elle reçut trois coups de glaive sans qu’on parvint à lui couper la tête ; cependant elle mourut de ses blessures. Qui ne connaît l’admirable et originale statue de sainte Cécile au couvent de ce nom dans le Transtévère ? Cette sculpture rappelle Raphaël par l’expression des nuances.

Cette statue a sans doute piqué d’honneur le Poussin. Admirable raideur de la cuisse gauche de la sainte ; ce trait de nature vaut seul tous les tableaux du Poussin, de 12 pieds de côté, que nous avons à Paris.

La figure de sainte Cécile a dix têtes. De saintes femmes ramassent son sang avec des éponges ; un pape bénit la sainte qui meurt. J’ose dire que ce sont là deux actions ridicules, et qui ravalent à nos yeux la mort sublime de cette jeune fille sacrifiant sa vie à un sentiment, à cet âge et avec cette beauté.