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et je suis allé demander une demi-tasse de café dans des cafés vraiment incroyables. Dans la suite, je me suis aperçu qu’il n’y a point de café passable à Montpellier.

Je suis allé à l’hôtel le plus achalandé de la ville. Là comme je n’arrivais pas en poste, une grande femme sèche m’a reçu avec une froideur piquante pour mon amour-propre. Mais qu’importe ! me disais-je, en faisant placer mes malles dans une charmante chambre à trois fenêtres au premier, qui donne sur la rue et sur un jardin.

L’indiscrétion d’un domestique m’a fait connaître le nom du café à la mode. J’y ai couru, mais hélas ! mes désirs ne connaissant plus de bornes, j’ai demandé de l’eau chaude. J’avais dans ma poche une provision d’excellent thé de Kiancha, lequel n’a jamais vu la mer, cadeau de l’aimable madame de Boil… J’ai retrouvé la scène dont le récit a peut-être ennuyé le lecteur, l’an passé, à Tours. Toutes ces villes de l’intérieur de la France se ressemblent ; même impolitesse, même barbarie. Il a fallu finir par déjeuner avec du café-chicorée et du lait de chèvre, je pense. Le beurre n’était pas mauvais, quoique singulier ; il ressemblait à de la pommade et était blanc.

Ce café donne précisément sur l’Espla-