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Ensuite, il a fallu déballer la diligence, puis reconnaître les effets. À ce moment, il y a des traits de grossièreté uniques. Mais, tout compte fait, j’aime mieux supporter ce quart d’heure et avoir tout le long de la route le spectacle de l’humanité. Je le préfère à la conversation de mon domestique. Je me souviendrai longtemps de la journée fameuse pour moi, de Tarbes à Agen. J’ai entendu là dire naïvement des choses que, pour tout au monde, je ne voudrais pas croire si on me les racontait, et cela par des personnes assez bien placées dans la société.

Vers les une heure, à Montpellier, on me conduisit dans une auberge située dans la Grande-Rue. Ce matin, en m’éveillant, je trouvai que la fenêtre unique de ma chambre donnait dans une rue qui peut bien avoir six pieds de large ; et la maison vis-à-vis a cinq étages.

Je suis sorti pour chercher un café passable ; je n’ai trouvé que des pharmacies. En effet Montpellier est le pays des médecins et, par conséquent, des malades riches. Tous les Anglais poitrinaires, mélancoliques, viennent y mourir. Enfin j’ai surmonté une répugnance à adresser la parole à des inconnus et demandé à de beaux messieurs sur le pas de leurs boutiques l’adresse d’un bon café. Chacun m’a indiqué le sien