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la rebâtir cent pas à gauche, acheter au moins le second étage inutile aux bains, et dont on fait des appartements meublés à louer, ou alors élever la place de huit à dix pieds.

À Milan, il y a une commission dite de l’ornato chargée d’empêcher la création du laid en architecture. Le maire ne peut donner un alignement qu’en citant dans les considérants de son arrêté l’avis de la commission de l’ornato. Cette commission, quand la politique, toujours amie du laid de M. de Metternich, ne s’en mêle pas, est composée de huit ou dix hommes de la ville qui passent pour avoir le mieux le sentiment des Arts.

Peut-être dans huit ou dix ans pourrait-on essayer en France l’établissement de telles commissions ; leur avis ne serait nullement obligatoire pour Messieurs les échevins. Mais tout ce qui a plus de trente ans aujourd’hui trouverait bien impertinente une commission de l’ornato.

Pendant que j’écris ceci à Pau vers neuf heures du soir, la ville retentit du bruit des voitures bourgeoises. C’est un bruit bien singulier pour moi et qui ne m’a pas troublé à Bordeaux ou à Toulouse. Le bruit du gave, sorte de torrent, quoique la vallée qu’il occupe soit bien à 200 pieds au-dessous de la Place Royale sur laquelle