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sur des collines admirables surmontées vers le ciel par les sommets blancs des Pyrénées. Ces échevins qui administrent les villes de France sont bien partout les mêmes. Sous le parapet qui termine la place au midi, ils ont laissé bâtir des bains qui abîment le premier plan de la vue du gave et des Pyrénées. En s’approchant on se trouve juste à la hauteur des cheminées qui fument, et les cheminées sont à trente pieds de vous. Ce bâtiment est neuf. Il faut en convenir : l’ânerie ne peut aller plus loin. Notez qu’en le plaçant cinquante pas à droite ou à gauche, les intérêts des baigneurs ne souffraient en rien ; sa position était la même ; mais non, son bâtiment est précisément construit sur l’axe de la Place Royale et abîme l’une des plus belles vues de France. À mon avis ces échevins-ci l’emportent sur tous les autres et méritent le cordon de la non perception du Beau, ordre qui compte tant de chevaliers en France.

Dans trente ans, quand les enfants qui ont aujourd’hui 10 ans et apprennent à lire à l’école de Pau, seront aux affaires, peut-être le bon sens en architecture sera-t-il arrivé par les chemins de fer jusqu’à 204 lieues de Paris. Alors la municipalité de Pau sera bien embarrassée. De trois choses l’une : acheter la maison du baigneur et