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Nous sommes partis de Bayonne à 5 heures du soir par la pluie qui, avec le vent d’ouest, règne depuis le 16 avril (lundi de Pâques). Mes compagnons de coupé sont : un petit monsieur, le nez pointu, décoré, qui tient son quant-à-soi et qui empêche la conversation bon enfant de naître entre moi qui occupe le coin gauche et un gros garçon, bon négociant de Revel (près le bassin de Saint-Ferréol) qui tient le coin de gauche[1]. Le Monsieur au nez pointu voit les inconvénients des choses et s’ennuie ; ce sera quelque employé supérieur d’administration.

Nous passons l’Adour sur le pont de bateaux entre Bayonne et Saint-Esprit ; descente glissante et assez dangereuse ; montée idem au bout du pont. Apparemment la marée est basse. Les champs qui environnent la route ont assez d’arbres, mais j’étais contrarié de ne pas voir de montagnes. À deux lieues de Bayonne on trouve un château à gauche ; le bâtiment est plat, mais il y a de grands arbres dont la masse borde la mer au midi de la route, ce qui doit être bien agréable en été pour le pauvre voyageur. En général ici, comme dans les environs de Bordeaux, chaque maison un peu cossue possède, à

  1. Ici lapsus évident de Stendhal. Un des deux était à droite. N. D. L. E.