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Cela est infiniment supérieur aux maisons de la Picardie. Je n’ai pas vu une maison annonçant la misère depuis Bayonne.

Nous ne rencontrons presque personne ; quoique cultivé, le pays a l’air dépeuplé. Du pain, me disait mon guide en me montrant le blé d’un champ que nous tournions. Le sentier était bordé de fèves.

Toutes les femmes sont pieds nus, et, chose qui est étrange, par le vent affreux et la pluie qui verse à tout moment, elles sont nu-tête. Leurs cheveux forment une tresse qui descend presque jusqu’aux jarrets.

Quand nous regagnons la grande route, le guide me montre les champs désolés et encerclés par les dernières maisons. Ces champs, qui sont du moins garantis par des digues de terre que l’on commence déjà à refaire, sont sur la rive gauche de la Bidassoa.

Nous rencontrons trois hommes au regard fier ; ce sont des soldats.

Un officier m’a dit ce matin que les Espagnols ont à Irun un sous-officier d’artillerie, homme d’un mérite rare ; il a opéré depuis quatre ans tout ce que son arme a fait de bien sur cette frontière. Outre les soins qu’il donne au matériel, il est admirable pour conduire et faire marcher ses hommes.