Page:Stendhal - Voyage dans le midi de la France, 1930.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Près du lit est un portrait, horriblement mal fait, d’une femme assez jolie ; la physionomie a une expression de douceur ; on dit que c’est une des maîtresses de Montesquieu. J’ai eu tort de ne pas copier le nom qui est à la partie supérieure du portrait, suivant le bon usage du xviie siècle. Mais j’étais un peu ému, je l’avoue, et, dans ce cas, la rêverie est si douce que tout soin manuel coûte infiniment.

Près de la fenêtre est un exécrable dessin d’une statue de Montesquieu qui est à la cour royale de Bordeaux et que je n’ai pu encore me déterminer à aller voir ; c’est sans doute un pamphlet contre ce grand homme.

La servante nous a fait passer à la bibliothèque, pièce immense et aussi simple que la chambre. La voûte, en plein cintre, est recouverte de planches peintes d’une couleur claire. La pièce peut avoir 50 pieds de long et 20 de largeur. Les livres sont dans des armoires vitrées fort petites et il me semble qu’il y a encore un grillage en fil de fer sous les vitres triangulaires et carrées, selon les formes singulières des volets qui ferment ces armoires. Les reliures sont simples et, ce me semble, fort postérieures au siècle de Montesquieu. J’ai remarqué des éditions in-4o de la