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On arrive donc dans cette petite cour et on se trouve vis-à-vis [d’]une porte et de fenêtres à pointes en ogives. Une petite servante disgracieuse, quoique non laide, nous a introduits avec mauvaise humeur dans une salle à manger boisée en noyer, où tout a la forme de l’ogive, même les fauteuils et les chaises. Il n’y a pas de plafond mais un plancher bas et singulier. De là, en passant à gauche, nous sommes entrés dans un salon également sombre, boisé en noyer et gothique. Mais cette décoration n’a rien de grand ; c’est du petit gothique mesquin comme la décoration en ogive des petits théâtres du boulevard. Ce salon est tapissé et bien tenu. J’ai remarqué sur la boiserie les gravures des ports de mer de Joseph Vernet. Ces gravures maigres et écorchées font un effet mesquin sur le sombre de la boiserie. Comme la cheminée est gothique, haute et sans miroir, pas mal, la pendule, moderne, est juchée à gauche à la hauteur des marines de Vernet. Au-dessus de la pendule il y a deux portraits à l’huile qui font plaisir à l’œil, comme ne contrariant pas la décoration générale. L’un de ces portraits, d’une bonne couleur, représente une jolie femme qui a les paupières trop grosses et les yeux un peu ronds comme quelques figures de femmes de Sébastien