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qu’elles empêchent d’aller à leurs cercles.

Beaucoup d’hommes mariés ont des maîtresses et vont chez elles de sept à neuf heures. Ces demoiselles habitent des petites maisons à un seul étage, ou même n’ayant qu’un rez-de-chaussée ; elles les occupent tout entières. Ces maisons sont situées sur les boulevards voisins de l’église Saint-Bruno, mais elles aiment beaucoup mieux un petit appartement dans les beaux quartiers, ce à quoi les amants consentent difficilement.

On dit ce genre de commerce fort piquant ; les tours les plus singuliers sont admis dans ce jeu. Une demoiselle qui reçoit de son bienfaiteur des appointements fixes de 250 francs par mois, outre les cadeaux, l’avertit qu’elle trouve 300 francs par mois, et s’il ne couvre pas l’enchère, elle le plante là. Celui des deux qui est quitté est ordinairement fort affligé pendant quelques jours. Une chose saute aux yeux, c’est que les demoiselles sont beaucoup plus heureuses que les femmes mariées ; elles passent tous les jours deux heures avec l’homme qui les préfère.

Les jeunes gens vivent entre eux et n’ont absolument aucune relation avec les femmes honnêtes. Le petit nombre qui aime à avoir des relations tendres s’adresse à la classe nombreuse des demoiselles