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reté de Paris ; on y est simple avec affectation, naïf avec étude, sans prétention avec prétention.

À Toulouse, comme à Lille, le jeune homme qui se met bien, la jolie femme qui veut plaire, veulent être surtout comme on est à Paris ; et dans les choses où la pédanterie est la plus inconcevable on trouve des pédants. Ces gens-là semblent n’être pas bien sûrs de ce qui leur fait peine ou plaisir ; il faut savoir ce qu’on en dit à Paris. J’ai souvent ouï dire à des étrangers, et avec assez de raison, qu’il n’y a en France que Paris, ou le village. Un homme d’esprit, né en province, a beau faire, pendant longtemps il aura moins de simplicité dans les manières que s’il fût né à Paris. La simplicité, « cette droiture d’une âme qui s’interdit tout retour sur elle et sur ses actions[1] », est peut-être la qualité la plus rare en France.

Pour qui connaît bien Paris, rien de nouveau à voir à Marseille et à Nantes, que la Loire et le port, que les choses physiques ; le moral est le même ; tandis que de belles villes de quatre-vingt mille âmes, dans des positions aussi différentes, seraient fort curieuses à examiner si elles avaient quelque originalité. L’exemple de

  1. Fénelon. On n’a pas noté avec exactitude toutes les idées pillées. Cette brochure n’est presque qu’un centon.