Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/424

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vrai chanteur de concert à Paris ; je suis convaincu qu’il y balancerait la réputation de M. Garat. Pour les pauvres petites Monbelli, tous nos connaisseurs diraient : N’est-ce que ça ? En Italie, elles sont faites pour aller à la plus haute réputation ; il ne faut demander qu’une chose au ciel, c’est qu’elles n’aillent pas se marier à quelque homme riche qui nous en priverait.

Madame Manfredini vous ferait un plaisir extrême dans la Camille de Paër : elle a une voix retentissante ; mais ce qui m’a enlevé dans cet opéra, que j’ai vu à Turin, c’est le bouffe Bassi, sans contredit le premier bouffe qu’ait aujourd’hui l’Italie. Il faut le voir, dans cette même Camille, dire à son maître, jeune officier, qui veut passer la nuit dans un château de mauvaise mine :

Signor, la vità è corta ;
Andiam, per carità.

Il a la chaleur, il a les jeux de scène, il a la passion pour son métier. Il joint à cela une profonde intelligence du comique, et fait lui-même des comédies agréables. Toute cette admiration-là m’est venue en le voyant jouer Ser Marc’ Antonio à Milan. Je ne sais où il se trouve actuellement. Il a d’ailleurs une bonne voix, et serait