Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/421

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je vous avouerai, mon cher Louis, que je n’ai point varié dans l’opinion que j’avais, il y a six ans, en vous parlant du premier symphoniste du monde. Le genre instrumental a perdu la musique. On joue plus souvent et plus facilement du violon ou du piano qu’on ne chante : de là la malheureuse facilité qu’a la musique instrumentale pour corrompre le goût des amateurs de la musique chantée ; c’est aussi ce dont elle s’acquitte fort bien depuis une cinquantaine d’années.

Un seul homme connaît encore, en Italie, la belle manière de conduire la voix : c’est Monbelli, et le principal avantage de ses charmantes filles est sans doute d’avoir eu un tel maître.

Cette vraie manière de chanter, que je soutiendrai jusqu’à la mort exclusivement, était celle que nous avions, à Vienne, dans mademoiselle Martinez, l’élève de Métastase, qui s’y connaissait, et qui, ayant passé sa jeunesse, au commencement du dix-huitième siècle, à Rome et à Naples, avec la célèbre Romanina, savait ce que doit faire la voix humaine pour charmer tous les cœurs.

Son secret est bien simple, elle doit être belle et se montrer.

Voilà tout. Pour cela il faut des accompagnements peu forts, des pizzicati sur le