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La clarté, la précision, la facilité sublime, qui, comme on voit, caractérisent le style de ce grand poëte, qualités si indispensables dans des paroles qui doivent être chantées, produisent aussi le singulier effet de rendre ses ouvrages extrêmement faciles à apprendre par cœur. On retient, sans s’en douter, cette poésie divine, qui, soumise à la correction la plus parfaite, repousse cependant jusqu’à l’idée de la moindre gêne.

La canzonnetta a Nice vient plaire à la même partie de l’âme qui est charmée de la petite Madeleine du Corrége, qui est à Dresde, et que le burin de Longhi nous a si bien rendue.

Il est difficile de lire, sans répandre des larmes, la Clémence de Titus, ou Joseph ; et l’Italie a peu de morceaux plus sublimes que certains passages des rôles de Cléonice, de Démétrius, de Thémistocle et de Régulus.

Je ne vois pas ce qu’on peut comparer, en aucune langue, aux cantates de Métastase. On serait tenté de tout citer.

Alfieri a surpassé tous les poëtes dans la manière de peindre le cœur des tyrans, parce que, s’il eût été moins honnête homme, lui-même, je crois, sur le trône, eût été un tyran sublime. Les scènes de son Timoléon sont bien belles ; je le sens,