CHAPITRE V
ozart jugeait ses propres ouvrages
avec impartialité, et souvent avec
une sévérité qu’il n’aurait pas soufferte
aisément dans un autre. L’empereur
Joseph II aimait Mozart, et l’avait fait
son maître de chapelle ; mais ce prince
avait la prétention d’être un dilettante.
Son voyage en Italie lui avait donné l’engouement
de la musique italienne, et
quelques Italiens qu’il avait à sa cour
ne manquaient pas d’entretenir cette prévention,
qui, au reste, me semble assez
fondée.
Ils parlaient avec plus de jalousie que de justice des premiers essais de Mozart, et l’empereur, ne jugeant guère par lui-même, fut facilement entraîné par les décisions de ces amateurs. Un jour qu’il venait d’entendre la répétition d’un opéra comique (l’Enlèvement au Sérail), qu’il avait demandé lui-même à Mozart, il dit au compositeur : « Mon cher Mozart, cela est trop beau pour nos oreilles ; il y a beaucoup trop de notes là-dedans. — J’en demande