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temporains du Dominiquin ne lui avaient pas presque persuadé que son Martyre de saint André, à Rome, n’était pas beau ?

Je pourrais vous ennuyer ici des prétendues règles trouvées pour faire de beaux chants ; mais je suis généreux, et résiste à la tentation de vous rendre l’ennui qu’elles m’ont donné à les entendre.

Plus il y a de chant et de musique, plus elle est sujette à l’instabilité des choses humaines ; plus il y a d’harmonie, et plus sa fortune est assurée. Les graves chants d’église contemporains de la divine Servante Maîtresse de Pergolèse ne se sont pas usés avec la même rapidité.

Au reste, je parle peut-être de tout ceci au hasard ; car je vous avoue que cette Servante Maîtresse, mais chantée en Italie, me fait plus de plaisir et surtout un plaisir plus intime, que tous les opéras du très moderne Paër, pris ensemble.

S’il est vrai que nous ayons reconnu la partie d’un morceau de musique que le temps use le plus vite, Haydn peut espérer une plus longue vie qu’aucun autre compositeur. Il a mis du génie dans l’harmonie, c’est-à-dire dans la partie durable.

Je vais citer le Spectateur, c’est-à-dire des gens très raisonnables :

« La récitation musicale dans toutes les langues devrait être aussi différente