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de la terre nouvellement créée, la fraîcheur céleste de la première verdure qui para le monde, et l’âme est enfin soulagée. Le chant que Haydn choisit pour décrire les bosquets du jardin d’Éden pourrait être, il est vrai, un peu moins commun. Il fallait là un peu de la céleste mélodie de l’école italienne. Mais cependant, dans la réplique, Haydn le renforce avec tant d’art, l’harmonie qui l’accompagne est alors si noble, qu’il faut avoir dans l’oreille les chants de Sacchini pour sentir ce qui peut manquer à celui-ci.

Une tempête vient troubler le séjour délicieux d’Adam et de sa compagne : vous entendez mugir les vents ; la foudre déchire l’oreille, et retentit ensuite au loin par des sons prolongés ; la grêle frappe les feuilles en sautillant ; enfin la neige, tranquille et lente, tombe à gros flocons sur le terrain muet.

Des flots de l’harmonie la plus brillante et la plus majestueuse entourent ces peintures. Les chants de l’archange Gabriel, qui est le coryphée, déploient surtout au milieu des chœurs une énergie et une beauté rares.

Un air est consacré à la peinture des effets des eaux, depuis les grandes vagues mugissantes d’une mer agitée jusqu’au petit ruisseau qui murmure doucement