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ensuite dans un air, ensuite dans le finale ; et chaque fois qu’elle revient s’augmente le plaisir que nous avons à l’entendre. Le passage dominant se sent tellement dans la Frascatana, de Paisiello, qu’il forme à lui seul tout le finale. Dans les messes de Haydn, ce trait est d’abord à peine remarqué à cause de sa grâce ; mais ensuite, à chaque fois qu’il revient, il acquiert plus de force et de charmes.

Voici maintenant le plaidoyer de la partie adverse, et je vous assure que ce n’est pas l’énergie qui manque aux accusateurs de Haydn. Ils l’accusent d’abord d’avoir détruit le genre de musique sacrée établi et adopté par tous les professeurs ; mais ce genre n’existait déjà plus en Italie, et en Allemagne on retournait vers le bruit monotone et surtout sans expression du moyen âge. Si la monotonie est de la gravité, certainement jamais genre ne fut plus grave.

Ou ne faites pas de musique à l’église, ou admettez-y la musique véritable. Avez-vous défendu à Raphaël de mettre des figures célestes dans ses tableaux de dévotion ? Le charmant Saint Michel du Guide, qui donne des distractions aux dévotes, ne se voit-il pas toujours dans Saint-Pierre de Rome ? Pourquoi serait-il défendu à la musique de plaire ? Si l’on