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célèbres ? Cette brave nation, si capable de grandes choses, dont les romances respirent tant de sensibilité et de mélancolie, a deux ou trois chants différents, et puis c’est tout. On dirait que les Espagnols n’aiment pas la multiplicité des idées dans leurs affections ; une ou deux idées, mais profondes, mais constantes, mais indestructibles.

La musique des Orientaux n’est pas assez distincte, et ressemble plutôt à un gémissement continu qu’à un chant quelconque.

En Italie, un opéra est composé de chant et d’accompagnements ou de musique instrumentale ; celle-ci doit être la très humble servante de l’autre, et servir seulement à en augmenter l’effet ; quelque fois cependant la peinture de quelque grande révolution de la nature, donne à la musique instrumentale une occasion raisonnable de briller. Les instruments, ayant une échelle plus étendue que la voix de l’homme et une grande variété de sons, peuvent figurer des choses auxquelles la voix ne saurait atteindre : ils feront, par exemple, la peinture d’une tempête, celle d’une forêt troublée la nuit par les hurlements des bêtes féroces.

Dans l’opéra, les instruments peuvent donner de temps en temps ces touches énergiques, claires et caractéristiques qui