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s’arrête tout à coup au moment où les instruments semblaient le plus animés, et les fait taire tous.

Aussitôt qu’ils recommenceront, le premier son que vous entendrez, pensez-vous, sera cette dernière note, celle qui conclut la phrase, et que vous avez pour ainsi dire déjà entendue en esprit. Pas du tout. Haydn s’échappe alors, pour l’ordinaire, à la quinte, par un petit passage plein de grâce qu’il avait déjà indiqué auparavant. Après vous avoir détourné un instant par ce trait léger, il revient au ton principal, et vous donne alors, tout entière, et à votre pleine satisfaction, cette cadence qu’il n’avait d’abord semblé vous refuser que pour vous la rendre ensuite plus agréable.

Il profite très-bien d’un des grands avantages que la musique instrumentale ait sur la musique chantée. Les instruments peuvent peindre les mouvements les plus rapides et les plus énergiques, tandis que le chant ne peut atteindre à l’expression des passions dès que celles-ci exigent un mouvement un peu rapide dans les paroles. Il faut du temps au compositeur, comme de la place sur sa toile au peintre. Ce sont là les infirmités de ces beaux arts. Voyez le duo

Sortite, sortite,