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La découverte de cette conspiration obtint, pour Napoléon, le dernier et grand objet de son ambition ; il fut nommé empereur des Français, et l’empire fut héréditaire dans sa famille. « Ce gaillard-là, disait un de ses propres ambassadeurs, sait tirer parti de tout. »

Telle est, à ce que je crois, la véritable histoire de ces grands événements[1]. J’observe de nouveau que la vérité tout entière sur Bonaparte ne peut guère être connue que dans cent ans. Que Pichegru ou le capitaine Wright aient fini autrement que par leurs propres mains, je n’en ai jamais rencontré de preuve qui pût soutenir le moindre examen[2].

Quel eût été le motif de Napoléon pour faire périr Pichegru en secret ? Le caractère de fer du premier consul épouvantant l’Europe et la France, ce qu’il y avait de plus impolitique à lui, c’était de donner à ses ennemis un prétexte pour l’accuser

  1. Ailleurs : Napoléon dut sentir vivement la perte de Lucien qu’une jalousie fort naturelle et l’ascendant du parti Beauharnais lui avaient fait éloigner. Lucien avait une partie de ce qui manquait à Napoléon et l’eût empêché de céder à ce fatal aveuglement qui peu à peu n’en fit qu’un despote ordinaire. Biographie des hommes vivants, 1, 543.
  2. Jamais de plus grands bienfaits ne semblèrent établir de plus grands droits. Il aurait fallu pour le bonheur de la France que Napoléon mourût tandis qu’il était occupé à monarchiser sa belle armée du camp de Boulogne. — Dominique.