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CHAPITRE VIII


Si Napoléon n’eût pas fait la paix de Campo-Formio, il pouvait anéantir l’Autriche et épargner à la France les conquêtes de 1805 et 1809[1]. Il paraît que ce grand homme n’était à cette époque qu’un soldat, entreprenant, doué d’un génie prodigieux, mais sans aucun principe fixe en politique. Agité de mille pensées ambitieuses, il n’avait aucun plan arrêté pour satisfaire son ambition. « Du reste il était impossible, disait M. de Merveldt, d’avoir avec lui dix minutes de conversation, sans s’apercevoir que c’était un homme à grandes vues et d’une étonnante capacité. »

« Son langage, ses idées, ses manières, disait Melzi, tout chez lui était frappant et original. Dans une conversation, comme à la guerre, il était fertile, plein de ressources, rapide à discerner et prompt à attaquer le côté faible de son adversaire. D’une rapidité de conception étonnante, il devait peu de ses idées aux livres, et à l’exception

  1. Prudence.