Page:Stendhal - Souvenirs d’égotisme, 1927, éd. Martineau.djvu/92

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’au moment où elle m’offrait du thé.

La quantité de personnes auxquelles il fallait demander de leurs nouvelles en entrant dans ce salon me décourageait tout à fait.

Entre les quinze ou vingt petites-filles de M. de Lafayette ou leurs amies, presque toutes blondes au teint éclatant et à la figure commune (il est vrai que j’arrivais d’Italie) qui étaient rangées en bataille sur le divan bleu, il fallait saluer :

Mme la comtesse de Tracy, 63 ans ; M. le comte de Tracy, 60 ans ; le général Lafayette, et son fils Georges Washington Lafayette. (Vrai citoyen des États-Unis d’Amérique, parfaitement pur de toute idée nobiliaire.)

Mme de Tracy, mon amie, avait un fils, M. Victor de Tracy, né vers 1785 — (Madame Sarah de Tracy, sa femme, jeune et brillante, un modèle de la beauté délicate anglaise, un peu trop maigre) et deux filles, Mmes Georges de Lafayette et de Laubépin. Il fallait saluer aussi le grand M. de Laubépin, auteur, avec un moine qu’il nourrit, du Mémorial. Toujours présent, il dit huit ou dix mots par soirée.

Je pris longtemps Mme Georges de Lafayette pour une religieuse que Madame de Tracy avait retirée chez elle par charité. Avec cette tournure, elle a des idées arrê-