Page:Stendhal - Souvenirs d’égotisme, 1927, éd. Martineau.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

perte de ses mœurs et qu’il ne verrait Paris qu’à 30 ans.

De 1796 à 1799, le jeune Beyle ne s’occupa que de mathématiques, il espérait entrer à l’École polytechnique, et voir Paris. En 1799 il remporta le premier prix de mathématiques à l’école centrale (M. Dupuy, professeur) ; les 8 élèves qui remportèrent le second prix furent admis à l’École polytechnique deux mois après. Le parti aristocrate attendait les Russes à Grenoble, ils s’écriaient :

O Rus, quando ego te aspiciam !

L’examinateur Louis Monge ne vint pas cette année. Tout allait à la diable à Paris.

Tous ces jeunes gens partirent pour Paris afin de subir leur examen à l’école même ; Beyle arriva à Paris le 10 novembre 1799, le lendemain du 18 brumaire, Napoléon venait de s’emparer du pouvoir. Beyle était recommandé à M. Daru, ancien secrétaire général de l’Intendance du Languedoc, homme grave et très ferme. Beyle lui déclara avec une force de caractère singulière pour son âge, qu’il ne voulait pas entrer à l’École polytechnique.

On fit l’expédition de Marengo, Beyle y fut, et M. Daru (depuis ministre de