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préférait un jeune pair de France (cela commençait à être un son bien séduisant en 1828). Cet heureux pair était, je crois, M. Pérignon, qui avait eu mon amie, Mlle Vigano, la fille du grand homme (en 1820, je crois).

C’était une chose bien dangereuse pour moi, que de corriger les épreuves d’un livre qui me rappelait tant de nuances de sentiments que j’avais éprouvés en Italie. J’eus la faiblesse de prendre une chambre à Montmorency. J’y allais le soir en deux heures par la diligence de la rue Saint-Denis. Au milieu des bois, surtout à gauche de la Sablonnière en montant, je corrigeais mes épreuves. Je faillis devenir fou.

Les folles idées de retourner à Milan, que j’avais si souvent repoussées, me revenaient avec une force étonnante. Je ne sais comment je fis pour résister.

La force de la passion qui fait qu’on ne regarde qu’une seule chose, ôte tout souvenir à la distance où je me trouve de ces temps-là. Je ne me rappelle distinctement que la forme des arbres de cette partie du bois de Montmorency.

Ce qu’on appelle la vallée de Montmorency n’est qu’un promontoire qui s’avance vers la vallée de la Seine et directement sur le dôme des Invalides.

Quand Lanfranc peignait une coupole