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même genre de malheur à la Cour de Napoléon en 1811. Je connaissais hélas beaucoup l’excellent Cuillerier (l’oncle, le père, le vieux en un mot ; le jeune m’a l’air d’un fou). Je lui menai trois dames, à deux desquelles je bandai les yeux (rue de l’Odéon no 26).

Il me dit deux jours après qu’elles avaient la fièvre (effet de la vergogne et non de la maladie). Ce parfaitement galant homme ne leva jamais les yeux pour les regarder.

Il est toujours heureux pour la race des Bourbons d’être débarrassée d’un monstre comme Ferdinand VII. M. le duc de Laval, parfaitement honnête homme, mais noble et duc (ce qui fait deux maladies mentales) s’honorait en me parlant de l’amitié de Ferdinand VII. Et cependant il avait été trois ans ambassadeur à sa cour.

Cela rappelle la haine profonde de Louis XVI pour Franklin. Ce prince trouva une manière vraiment bourbonnique de se venger : il fit peindre la figure du vénérable vieillard au fond d’un pot de chambre de porcelaine.

Mme Campan nous racontait cela chez Mme Cardon (rue de Lille, au coin de la rue de Bellechasse), après le 18 Brumaire. Les mémoires d’alors, qu’on lisait chez Mme Cardon, étaient bien opposés à la