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ratesse, si l’on veut, commise en un jour, mais se faire assassiner ainsi à coups d’épingles, par le mépris, c’est ce qui est hors de nature pour qui n’est pas né dans les salons de 1780, ressuscités de 1804 à 1830.

Cette bassesse, qui supporte tout de la femme d’un cordon bleu (Mme de Talaru), ne paraîtra plus que parmi les jeunes gens nés à Paris. Et Louis-Philippe prend trop peu de consistance pour que de tels salons se reforment de longtemps à Paris.

Probablement le bill de réforme (juin 1832) va faire cesser, en Angleterre, la fabrique de gens tels que M. B…, qui ne me pardonna jamais de n’avoir pas donné plus d’ampleur à mon voyage. Je ne me doutais pas, en 1821, d’une abjection que j’ai comprise à mon voyage de 1826 : les dîners et les bals de l’aristocratie coûtent un argent fou et le plus mal dépensé du monde.

J’eus une obligation à M. B…, il m’apprit à revenir de Richmond à Londres par eau, c’est un voyage délicieux.

Enfin, le… 1821, on afficha Othello par Kean. Je faillis être écrasé avant d’atteindre mon billet de parterre. Les moments d’attente de la queue me rappelèrent vivement les beaux jours de ma jeunesse quand nous nous faisions écraser