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nements successifs de l’Italie, et il y a eu dans ce pays-ci beaucoup plus de gouvernements que de lois, et le gouvernement y a toujours eu la couleur du gouvernant.

Le caractère italien, comme les feux d’un volcan, n’a pu se faire jour que par la musique et la volupté. De 1550 à 1796, il a été écrasé par la masse énorme de la tyrannie la plus soupçonneuse, la plus faible, la plus implacable. La religion, venant au secours de l’autorité, achevait de l’étouffer : de là la défiance, tout ce qui paraissait de lui n’était pas lui.

Le 14 mai 1796 fera une époque remarquable dans l’histoire de l’esprit humain. Le général en chef Buonaparte entra dans Milan ; l’Italie se réveilla, et, pour l’histoire de l’esprit humain, l’Italie sera toujours la moitié de l’Europe[1].

Mais ici je ne puis parler, mon portefeuille peut être saisi. Comment s’est-elle réveillée ? Quelles circonstances ont influé sur les pas de géant qu’a faits ce

  1. Après la chute de ce grand peuple inconnu dont nous ne savons outre chose, sinon qu’il exista, l’Étrurie, la première, cultiva les arts et la sagesse ; l’Italie a de plus l’âge d’Auguste et le siècle de Léon X. La peinture, la musique, la sculpture ne peuvent peut-être exister que là. Un jour l’Amérique méridionale, après deux siècles de gouvernement représentatif, ayant le soleil, la liberté et les richesses, pourra rivaliser avec la terre du génie. Les cruautés de 1817 donnent de l’énergie aux Péruviens.