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les Milanais trouvent ce chant superbe ; il n’y en a pas, ce n’est que de l’harmonie. La magnifique voix de Zopire-Galli fait la basse, la voix claire de mesdames Bassi et Festa, sur le devant du théâtre, forme une opposition frappante. L’accompagnement de violoncelle et de cor ébranle l’âme, une décoration magnifique et sombre achève de donner la couleur au sujet.

Galli chante au premier acte : La patria sara sempre illesa. On applaudit avec fureur ; les larmes me viennent aux yeux.

Je vais passer quelques heures à Bergame, à cause de la belle vue ; je prends ma route par Monza, Monticello et Montevecchio. On peut courir les deux mondes sans trouver rien de comparable.

À Bergame on a encore la fureur des musiques d’église. J’ai cru voir les Italiens de 1730.

Les beautés de la musique d’église sont presque toutes de convention, et, quoique Français, je ne puis me faire au chant à tue-tête. Rien ne coûte aux Bergamasques pour satisfaire leur passion ; elle est favorisée par deux circonstances, le célèbre Mayer habite Bergame ainsi que le vieux Davide. Marchesi et lui furent, à ce qu’il me semble, les Bernin de la musique vocale, des grands talents destinés à amener le règne du mauvais goût. Ils furent les